Dwelshauvers begon in 1890 aan La vie impossible (zie de 2de alinea van brief 50), de roman rond het personage Maurice. Een eerste versie was klaar in februari 1892 (zie brief 35 (1892), brief 37 (1892) en brief 71 (1892)).
In de Almanach des étudiants. Almanach de l'université libre de Bruxelles (Bruxelles, Bureaux de la Revue Belge Illustrée, 1891), p. 41-43, verscheen een fragment dat het enige bewaarde deel is (zie brief 120bis (1892), noot 6). Voor zover bekend kwam er nooit een definitieve versie tot stand (zie de brieven van Jacques Dwelshauvers aan August Vermeylen van 11 maart 1894 (AMVC, M525/B, 113807/12) en aan Emmanuel de Bom van 20 mei 1894 (AMVC M525/B, 83.747/23). Wegens de zeldzaamheid geven we het in 1891 gepubliceerde fragment hier volledig weer:
"Maurice revenait de l'Université, un matin de décembre. Un froid humide imprégnait l'air, pénétrant, imbibant les vêtements, glissant jusqu'aux chairs sa visquosité glacée. Le brouillard s'immobilisait opaque, les longues files d'arbres de l'avenue, squelettes roides où les gouttes d'eau stillaient lentement et se figeaient prises par la gelée, scintillantes tout à coup, s'enfonçaient dans la buée grise, plus vagues, plus indécises de rang en rang. A droite et à gauche, les maisons irrégulières à peine gazées de brume décroissaient là-bas, leurs contours s'estompant graduellement jusqu'à se résorber dans le vapeur. A mesure que Maurice marchait, il voyait naître du nuage des ombres atones, fonçant à peine l'uniforme grisaille, puis dessinant une forme humaine, puis se marquant de couleurs floues, puis surgissant nettes enfin, le frôlant, pour se perdre de nouveau dans le brouillard. Ombres douloureuses qui lui semblaient lutter pour percer la masse intangible de vapeur, ombres nimbées d'un nimbe de tristesse. Les passants emmitouflés de fourrures ou de châles marchaient d'un pas hâtif presque silencieux, le bruit s'amortissant dans cette atmosphère saturée d'eau. Midi ne trouait point de ses rayons la brume plus dense d'instant en instant. Les flocons cotonneux de vapeur se serraient, se réunissaient, se confondaient, formaient une masse compacte, lourde, bitumeuse, laissant suinter un jour lugubre comme d'un soupirail de cave. Le champ de vision se rétrécissait encore, et de tous côtés un mur de brume arrêtait les regards. L'air à peine translucide, la boue marbrant les dalles des trottoirs, la terre gluante, tout suait le spleen. Et ce gris impitoyable où se noyaient les couleurs, ce gris obstiné où le regard s'enfonçait partout, donnait des hantises de suicide. Cette atmosphère d'agonie oppressait Maurice, cette voûte de brouillard surbaissée l'accablait, elle s'appesantissait sur lui, il étouffait! Il se croyait enfermé dans une prison de vapeur; il marchait à pas précipités pour s' évader à l'air libre, pour aspirer les larges bouffées du vent. Mais la cellule le suivait impitoyablement: il l'emportait avec lui, et toujours et toujours à la même distance s'arrondissait la paroi. Cette obsession, qu'il était irrémédiablement captif, le torturait. Sa pensée, écrasée elle aussi comme martyrisée par un cercle de fer, sa pensée se formait péniblement, les idées surgissaient en lui sans lien logique; avec de douloureux efforts il les coordonnait, il raisonnait, il arrêtait les images, les fixait solidement en son esprit; et un instant après, elles l'abandonnaient de nouveau, fugaces, insaisissables. La vie lui apparaissait semblable à ce jour d'hiver, humide et froide, embuée d'un brouillard dense où jamais ne rayonnait le soleil fougueux des midis, éclairée d'une lumière livide et molle, avec de mauvais reflets d'absinthe transsudés; des ombres s'y promenaient vagues avec des gestes lents et brumeux de fantômes indifférents, qui prononçaient des paroles vaines d'une voix atone.... Ces idées roulaient dans sa tête, confuses, se heurtant, ébranlant de leur choc son cerveau lassé, retombant, le laissant dans un état de stupeur inconsciente, dans une impuissance complète de réfléchir. Il sentait le brouillard le pénétrer, tendre un voile sur sa pensée obscurcie, imbiber ses tissus, et les imperceptibles gouttelettes d'eau toujours en mouvement s'évaporant, revenant liquides s'attacher à sa chair, s'endosmoser à travers la peau, se répandre dans son sang appauvri qui coulait plus clair, plus fluide.... Et le jour durant, cette pénible impression persista, apportant un indéfinissable malaise, une torpeur flasque, au besoin d'assoupissement général qui interdit à Maurice tout travail soutenu....."
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