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BOLOGNA (FERROVIA) 25 3-93 3-S
Monsieur Gust Vermeylen
81 Rue Pachéco
Bruxelles.
Belgio
BRUXELLES 1 26 MARS 1893 9-S
 
Cher Gust,
Je t'ai expédié hier le 1er chapitre de la Vie impossible: j'espère qu'il ne t'arrivera pas trop détérioré. J'attends avec impatience ton avis: car pour moi à force d'y avoir travaillé je n'y vois plus clair du tout et je suis absolument incapable de me rendre compte si c'est bon ou mauvais. — Je viens de terminer le chapitre II: je crois qu'il vaut un peu plus qu'avant (c'était du reste le plus mauvais); je l'ai refait complètement d'un bout à l'autre en le serrant beaucoup et en modifiant la disposition. J'arrive au chapitre III où il y a pas mal à changer aussi, mais qui je l'espère sera un peu plus amusant pour moi. Du train où je vais je n'aurai certainement pas fini avant juin. Voici en près de trois mois 42 pages seulement corrigées!
— J'ai reçu le dernier numéro de la Revue universitaire. La fin de l'article[1] de Melle Salmen est bien mauvais: c'est écrit dans un style mou et lâche qui laisse toujours la pensée flottante. Et puis ce Petöfi Sandor m'enthousiasme décidément très peu.
L'article de Melle Gombert me semble valoir beaucoup mieux,[2] bien que je ne puisse en juger le fond n'ayant plus bien Macbeth en tête. Ce qui est mauvais par exemple c'est la fin de l'article où elle réclame "le personnage sympathique" et se permet sur la critique allemande une de ces lourdes plaisanteries que je croyais quelque peu passées de mode chez les peuples civilisés. — Quant à la conférence de Pictet[3] ..... quel gagaïsme: c'est digne de Tiberghien.
[2]
— J'ai lu le 1er chapitre du Docteur Pascal de Zola: c'est plus faible que jamais: Zola se machinise absolument: il pourrait sans difficultés écrire des romans pareils jusqu'à sa mort: quand on en aurait lu un on les connaîtrait tous.
— J'ai de plus en plus d'admiration pour "Crime & Châtiment". Quel bouquin! Voilà qui dégote rudement les naturalistes, les psychologues, les symbolistes & autres instrumentistes. Voilà ce qui est naturaliste, psychologique, symboliste et tout cela à la fois! J'en rrrrugis d'enthousiasme!
— Une bien belle nouvelle qui m'est venue de Bruxelles & que tu connais peut-être déjà: Mans est fiancé, Mans va se marier au mois de juillet, le doux Albert Mans, bicycliste, vainqueur de courses, boeuf gras, etc! Non, mais le vois-tu d'ici en jeune marié conduisant une jeune "épouse" virginale et liliale devant l'écharpe officielle? Pleurs de maman, fleurs d'oranger, lune de miel, et autres accessoires.. Sera-ce assez grotesque? Il faudra que nous nous donnions ce petit spectacle afin de réjouir nos rates respectives!
— Autre bonne anecdote. Sais-tu ce que le nommé Lodewijk De Raet nous a révélé l'autre jour? Lui, le flamingant pointu, le lecteur assidu de Schild en Vriend et autres feuilles de chou? Et bien, écoute & frémis! Quand Boulanger est venu à Bruxelles il lui a envoyé sa carte avec ces mots: "un mot de votre main, s'il vous plaît." Et Boulanger lui a envoyé la sienne où était écrite cette unique parole: "Merci!" Au fond c'était peut-être son secrétaire qui l'avait écrite!
Jeudi 23.
Reçu ta chère lettre ce matin: je l'ai savourée mollement étendu dans mon lit sur lequel je gisais depuis à peu près 24 heures par suite d'un accès de fièvre qui m'a pris hier après-midi et s'est prolongé pendant la soirée. Je crois que c'est mon estomac qui me joue des tours, lequel estomac souffre surtout... des nerfs, lesquels nerfs me semblent passablement influencés par le climat bolonais... et probablement par vingt autres circonstances dont je ne me doute pas. Et hélas! les médecins sont ici ce qu'ils sont à Bruxelles: ils vous regardent cinq minutes et du moment que vous n'avez pas une grosse maladie ils trouvent que ça n'est pas important et passent. Le fait est que je suis embêté: me voilà patraque, et juste à la veille du jour où aboulent mes parents: comme ça [3] vient bien à propos! comme la vie est amusante! Je broie du noir! J'ai l'envie de sortir de moi-même & je me dis — bien inutilement! — que si je pouvais revivre six années de ma vie, je les vivrais tout autrement que je ne l'ai fait. Mais voilà bien de superflues jérémiades qui te prouveront que mon courage n'a pas grandi depuis que je suis à Bologne!
J'ai appris avec peine que l'ami de Bom était malade.[4] Je n'ai reçu aucune lettre de lui. Si j'avais quelques moments de loisir je lui écrirais quand même.
— Quelle belle idée tu avais eue de vouloir accompagner mes parents et venir me trouver à Bologne. Comme je me serais réjoui de voir ta bonne et sympathique balle! Mais voilà! on n'est pas capitaliste. C'est bien dommage quelquefois.
J'interromps encore ma lettre: je m'aperçois que j'écris comme un vieux père la Tremblotte et comme je ne veux pas avoir l'air trop hospice Ste Gertrude je remets la suite à bientôt.
Samedi 25.
J'ai reçu avant-hier soir un télégramme de chez moi qui m'annonçait que mes parents retardaient jusqu'à lundi leur voyage:[5] j'attends d'un moment à l'autre une lettre d'eux. J'ai été assez contrarié de ce retard, comme bien tu comprendras: l'attente dans de telles conditions est une continuelle impatience. Je ne fais rien de bon & je suis quasi triste. S'ils étaient arrivés aujourd'hui comme ils l'avaient décidé d'abord, ils auraient eu un temps splendide. Il fait d'un bleu constant et immuable qui finit par agacer et par donner plus le spleen que les plus visqueux brouillards de nos contrées. — Je serai encore ici au moins jusque jeudi matin: tu pourras donc m'écrire encore la semaine prochaine à Bologne.
— Rien de bien nouveau à te dire, cher vieux: je me porte un peu mieux que l'autre jour: je dors longtemps, me promène quelque peu et passe le reste du temps à des occupations vagues et indéterminables. J'ai arrangé ma collection de photographies dans un album afin d'avoir plus de facilité à les feuilleter... et à te les montrer quand je serai de retour à Bruxelles.
Hier soir j'ai entendu un prêche à Santa Maria dei Servi, un prêche sur la passion, la crucifixion, etc. C'était très déclamatoire et théâtral, comme l'église elle-même, comme tout en Italie. Beaucoup [4] de monde et pas mal de jolies femmes. La nuit était superbe: la campagne était transfigurée, agrandie, illimitée. Ce qui dans le jour m'eût semblé banal prenait un aspect inédit, quelque chose de grandiose et d'apeurant. Je me suis promis de continuer ces excursions-là, à l'heure où la nuit tombe.
— J'ai terminé le volume de Hennequin:[6] l'étude sur Victor Hugo m'a beaucoup plu: sévère, mais juste: cela a coordonné et systématisé toutes les idées éparses dans mon cerveau quant au "père Hugo"[.]
— J'ai commencé à lire les mémoires de Goldoni: c'est bien curieux en ce qui concerne les moeurs de l'époque. A 14 ans Goldoni se trouve à Rimini, au collège: il vient à Rimini une troupe de comédiens vénitiens de passage. Goldoni fait leur connaissance[,] est très bien reçu par eux; puis comme ils vont à Chiozza où se trouvait sa mère ils lui proposent de le prendre avec eux dans leur voyage: il accepte, et pendant trois jours sur le bateau qui emporte la troupe ce ne sont que ripailles, jeux, etc. Goldoni devient amoureux de la "servetta." A 16 ans il va à Pavie faire ses études à l'Université et est logé dans un collège papale dont le règlement était plus sévère que celui du collège Jacobs mais aussi peu observé que lui. Là il apprend à jouer de la guitare, à faire de l'escrime, à débiter des madrigaux aux dames, mais va très peu à l'Université — Tout est à l'avenant.
— Je n'ai plus rien à te dire qui vaille la peine d'être écrit. Voilà cinq jours que j'ai commencé cette lettre: il est temps que je te l'expédie. J'attends prochainement la tienne et j'espère que tu auras reçu mon manuscript. Aurais-je peut-être le plaisir de lire encore Van N[u] en Str[aks] avant mon départ pour Venise?[5]
Je te serre bien fraternellement les deux pattes.
Ton Giacomo

Annotations

[1] Ch. Salmen, 'Quelques réflexions sur la littérature hongroise [du XIXe siècle: Potefi Sándor] (suite et fin)', in: Revue universitaire, III, 7 (15 maart 1893), p. 284-299. De titel werd geëmendeerd voor de inhoudstafel van de Revue universitaire. Voor een verwijzing naar het eerste deel van het artikel, zie brief 48 (noot 1).
[2] Marguerite Gombert, 'Etude sur Macbeth', in: Revue universitaire, III, 7 (15 maart 1893), p. 267-283.
[3] Raoul Pictet, 'Le libre Arbitre en face de la physique contemporaine; conférence donnée le 17 février 1893 au "Cercle Universitaire" et au "Cercle la Conférence", de Bruxelles', in: Revue universitaire, III, 7 (15 maart 1893), p. 253-261. Er werd meteen ook een reactie op dit artikel gepubliceerd: Léo Errera, 'A propos de la conférence de M. Raoul Pictet sur le libre Arbitre en face de la physique contemporaine; deux mots', in: Revue universitaire, III, 7 (15 maart 1893), p. 261-267.
[6] Zie brief 59 (passage van vrijdag 17 maart, alinea 2).

Register

Naam - persoon

Bom, Emmanuel Karel De (° Antwerpen, 1868-11-09 - ✝ Kalmthout, 1953-04-14)

Bibliothecaris, journalist en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Nora Aulit op 24/08/1901 in Antwerpen.

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Henmequin, Auguste-emile (° Palermo (Sicilië), 1859 - ✝ Samois (Seine-et-Marne), 1888)

Essayist en criticus.

Jeugdvriend van J.K.Huysmans, wiens romandocumentatie hij hielp naspeuren. Vaak in één adem genoemd met Bourget en Taine. Behoorde tot de vroegste medewerkers van La revue indépendante, waarin hij een der eerste artikels over A rebours publiceerde (nr.3, juli 1884, 119-216). Hij besprak ook o.m. L'oeuvre van Zola in La revue contemporaine van april/mei 1886, 565-568. Zijn bijdragen aan La revue contemporaine van april/mei en juni/juli 1886 ('La critique scientifique des oeuvres d'art') werdenherwerkt tot een uitgebreide versie, onder de verzameltitel Etudes de critique scientifique. Het eerste deel Ecrivains Francisés. Dickens-Heine - Tourguénief - Poé - Dostoïeweki - Tolstoï verscheen enkele dagen vóór zijn dood. Het tweede deel Quelques écrivains français. Flaubert -Zola - Hugo - Goncourt - Huysmans, etc. werd in 1890 posthuum uitgegeven. Hij woonde in Parijs en kwam om bij een bezoek aan O. Redon, tijdons een zwempartij.

Raet, Lodewijk De (° Brussel, 1870-02-17 - ✝ Vorst (Brussel), 1914-11-24)

Economist.

Studiegenoot van A.Vermeylen en J.Dwelshauvers op het Brussels Atheneum en aan de ULB, medestudent van J.Dwelshauvers, A.Walravens en H.Köttlitz in het Collegio dei Fiammenghi in Bologna (J.Jacobsstichting) in 1892-1893.

Tiberghien, Guillaume (° Brussel, 1819-08-09 - ✝ St.-Joost-ten-Node, 1901-12-28)

Filosoof.

Studeerde aan de Brusselse universiteit: trad in haar dienst in 1846; buitengewoon hoogleraar vanaf 1848; gewoon hoogleraar sedert 1853. Permanent lid van de Raad van Beheer van 1878 tot 1901. Strijdend vrijzinnig wijsgeer, die vulgariserende werken schreef over lekenmo-raal. Verspreidde de ideeën van de Duitse filosoof Karl Christian Friedrich Krause. Doceerde achtereenvolgens archeologie, esthetica, antropologie, moraalfilosofie, geschiedenis van de filosofie, metafysica, logica en psychologie. Schreef o.a. Théorie de l'infini (1846), Logigue de la science de la connaissance (1864), Eléments de la morale universelle (1879), Krause en Spencer (1882).

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.

Titel - krant/tijdschrift

Revue Universitaire

1891 -1898

Maandblad met enkele onderbrekingen in Brussel verschenen.

Werd achtereenvolgens uitgegeven door H. Lamertin en Weduwe Ferd. Larcier. De redactie berustte in 1891 bij de Brusselse student in de rechten E.Vinck en in 1892 bij zijn studiegenoot A.Hirsch; vanaf 1893 werd de redactie waargenomen door een driemanschap dat de universiteiten Brussel, Gent en Luik vertegenwoordigde. De stichting van de Revue Universitaire ging uit van de in 1887 te Brussel opgerichte Cercle Universitaire, die het contact en de samenwerking tussen enerzijds studenten en professoren en anderzijds tussen de verschillende faculteiten en zelfs universiteiten wilde stimuleren. Door de medewerking van professoren, docenten en studenten uit Gent, Brussel en Luik, fungeerde het inderdaad enige tijd als wetenschappelijk orgaan van deze drie universiteiten. Toch bleef de nadruk vallen op de activiteiten in de Brusselse universiteit. Na 1894 bevatte het tenslotte grotendeels nog slechts artikels en inlichtingen over de Université. Nouvelle (Brussel), omdat de meeste professoren, uit protest tegen de aandacht die de Revue aan deze alternatieve universiteit schonk, hun medewerking drastisch inkrompen.