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BOLOGNA (FERROVIA) 6 5-93 11-S
BRUXELLES 1 8 MAI 1893 8-M
Monsieur Gust Vermeylen
81 Rue Pachéco
Bruxelles.
Belgio
 
Cher Gust,
Combien notre humeur est chose variable & capricieuse! Comme nous passons vite de la gaîté à la tristesse, d'un jour à l'autre, sans transition - & sans que nous puissions connaître le pourquoi de ce changement. Tu m'écrivais dans ta dernière lettre que j'avais l'air relativement heureux — et c'était vrai — et me voici subitement repris par je ne sais quel inexplicable spleen, quelle vague nostalgie dont la cause m'échappe. Au fond c'est peut-être l'état du temps seul qui m'a mis dans cet état: depuis deux jours le soleil s'est caché & il a plu sans désemparer une pluie fine & serrée tombant droit qui "d'une vaste prison imite les barreaux." J'aurais dû en être satisfait, il ne faisait plus aussi chaud. Eh bien! non! j'ai été incapable de travailler sérieusement de toute la journée. Ce soir je me suis remis à la Vie impossible mais pour n'écrire que 5 lignes en deux heures! Ma pensée s'enfuyait sans cesse, battait la campagne, passait d'image en image, dérivant vers des souvenirs chers, vers des impressions de jadis qui de loin paraissent si purement belles. J'ai fini par lâcher mon manuscript & par t'écrire, le seul moyen que j'ai ici de me consoler quand je suis triste.
Bologne m'est de plus en plus antipathique, & à tout moment le mésestime que j'éprouve pour le peuple bolonais — et pour les italiens en général — s'accroît. Je trouvais déjà les Bolonais bêtes, ridicules, étroits d'esprit: j'ai encore constaté hier qu'ils manquaient totalement d'éducation. La chose vaut à peine [2] d'être racontée, mais n'importe, puisque je suis en veine de bavardage. Voici: il y avait au théâtre Brunetti une troupe d'opérettes laquelle était très médiocre mais avait pour directrice une actrice réellement superbe, l'une des plus belles femmes que l'on puisse rêver.[1] Hier, dernière représentation de la troupe, c'était la "serata d'Onore" de l'actrice en question. On donnait une opérette, fort médiocre du reste, mais beaucoup moins bête en tout cas que bien des pièces qui sont très applaudies ici. Je suppose que pour une raison ou l'autre s'était formée une cabale, mais le fait est que dès le commencement du second acte on s'est mis à siffler, à gueuler, à imiter des cris d'animaux: & ce n'était pas la crapule du paradis, mais des gens "bien" (?!), des officiers & autres crétins qui s'en mêlaient: j'ai rarement entendu un pareil charivari; toute une partie du public (& des étudiants, naturellement!) beuglait pour le plaisir de beugler; les cris dominaient la voix des acteurs, les chants, l'orchestre, tout. Et la police assistait très paisiblement à cela & laissait faire!! Nous avons été tout les quatre H H H H indignés! La vieille galanterie française s'est absolument révoltée en nous. Alfred a engueulé différents types en les traitant de mal élevés, de "vigliacchi", etc. Décidément je commence à prendre bonne opinion du peuple belge: chez nous on n'agirait jamais aussi grossièrement envers une femme. Quels porcs, quelles brutes, ces Italiens! J'ai bien juré de ne plus mettre le pied dans un théâtre bolonais. C'est perdre son temps & risquer de se fâcher.
Et puis quelle ville déplorable en ces jours vides où le cerveau lassé se refuse au travail! Pas une distraction à trouver nulle part. Des églises sans intérêt, un musée de peinture où il faut payer 1 fr. d'entrée pour ne trouver que les froides oeuvres de l'école bolonaise. Pas une salle des périodiques où l'on puisse feuilleter les revues nouvellement parues; pas un café attrayant; pas une tête décente à voir. Je m'imagine qu'il doit faire à peu près comme ça à Gand.
J'ai la sensation que chacune de mes actions est vaine: j'aspire à l'heure où je puis m'étendre dans mon lit: les heures me semblent horriblement longues. J'ai calculé tantôt que même en travaillant activement (& Dieu sait si je le fais!!) je n'arriverai pas à terminer le remaniement de la V[ie impossible] avant ma rentrée à Bruxelles! Moi qui espérais il y a quelques mois l'avoir finie [3] à l'heure qu'il est. Comme notre temps s'écoule en choses superflues & en gestes sans but.
— Je me suis mis à relire Werther: ça enfonce tout de même rudement le Foscolo. On sent la marque du génie à chaque page.
Lundi 1er Mai.
Cet état de tristesse, de malaise d'âme, dont je te parlais avant[-]hier, perdure en moi. Et pourquoi? Je n'en sais rien. Est-il un seul de nos états psychiques dont nous ayons complète conscience, une seule de nos pensées dont nous connaissions à fond l'origine? Le mystère intime nous poursuit sans cesse. Nous avons beau prononcer ces mots: efforts, volonté, énergie — nous sommes en réalité si lâches en face de nos instincts, si enclins à nous abandonner au courant des choses, à vau-l'eau.
La journée d'aujourd'hui m'a fourni d'intéressantes impressions. Une fois de plus j'ai pu constater la stupide venette des bourgeois, laquelle dépasse ici tout ce qu'on peut rêver. Dès le matin tous les magasins sont fermés: et non seulement les magasins mais même les débits de tabac & les cafés: tout hermétiquement clos. C'est à peine si un ou deux restaurants gardent entrouvert un quart de porte! Une ville morte, totalement morte, tout est arrêté: les journaux mêmes ne paraissent pas; les édicules des marchands de journaux sont fermés. Il y a des bourgeois qui ne mettent pas le nez dehors de la journée. Tu t'imagines assurément que ces excès de prudence se produisent en présence d'une imposante manifestation ouvrière? Il n'en est rien, comme tu vas le voir. Malgré les recommandations répétées & inquiètes que nous avait faites don Louis de ne pas nous montrer en ville, de n'aller qu'à la campagne, nous nous sommes rendus Lodewijk & moi au meeting socialiste (Alfred & Hermann avaient un examen pratique d'anatomie, qu'ils ont bien réussi). Cela se passait dans une cour intérieure: au fond sous des arcades le bureau. On avait besoin d'une carte pour entrer. Vers 9 heures, heure désignée par les affiches, il n'y avait pas 200 personnes, parmi lesquels la majorité était formée d'étudiants & de bourgeois. Une aimable fillette vendait des fleurs rouges; des petites femmes installées aux fenêtres du bâtiment regardaient & riaient. A 9 1/2 heures il y avait au plus 500 personnes. On commence. Beaucoup de calme, entrain absolument nul. Et l'on croit chez nous que le peuple italien est un peuple fougueux, passionné, etc. La moindre des réunions socialistes chez nous est [4] bien plus animée. Un avocat parle pendant près d'une heure: il accumule tous les poncifs socialistes cent fois rabachés: il gueule littéralement tout le temps et gesticule d'une manière ininterrompue: ses bras ne restent pas un instant tranquilles. A la longue cette criaillerie lasse tellement le tympan qu'on n'entend plus ce qu'il dit. Un autre orateur lui succède, aussi déclamatoire, mais heureusement plus bref. Ensuite on vôte un ordre de jour de sympathie aux ouvriers de tous les peuples qui fêtent le 1er mai & ... c'est tout! L'on sort paisiblement. Il n'y avait point de déploiement de troupes cette année dans la rue. Il paraît que l'année dernière on sortait du meeting littéralement entre 2 files de baïonnettes! Comme le meeting nous avait très peu réjouis nous nous sommes dispensés d'aller l'après-midi à la fête & à la beuverie qui avait lieu hors de la posta S[an] Vitale.
Nous avions rencontré le matin au meeting ce cher Agostino[2] & comme tous trois nous "faisions grève", nous avons fui l'après-midi Bologne où il n'y avait pas un bon verre à boire, & nous sommes filés pour Casalecchio en dépit d'une pluie diluvienne. Et nous avons passé là deux heures, en face de la grande nature & de deux bouteilles de Lambrusco, à faire la cour à la Juditha, la beauté célèbre de l'endroit. Quelle femme, crénom de nom! Agostino qui la voyait pour la première fois ne faisait que pousser des exclamations, en français, dans le goût de celles-ci: "Quelle poitrine! Quel fessier! Je donnerais bien 500 frs. pour coucher avec elle!" Nous en étions du reste tous les trois dans un état d'éréthisme accentué!
Telle est la suite des divers actes absurdes qui ont occupé ma journée. J'ai vécu dans cette factice excitation de mouvement à vide que je me procure volontiers, les jours sans courage, pour m'oublier moi-même. Le pis est que quand je me retrouve seul & tranquille je suis pris de tristesse à me remémorer l'inutilité, la bêtise de tout cela — le temps que j'ai perdu alors que la besogne presse & que j'ai tant à travailler. Et puis par un retour de pensée j'en viens à me dire que c'est mon travail lui-même qui peut-être est inutile, vain — & mentalement je refais le monologue de Faùst.
"Da steh ich nùn, ich, armer Thor
"Und bin so klūg als wie zuvor!"

[5]
Je m'aperçois que je commence à faire une tartine psychologique. Mais peu importe! je suis en veine & je te condamne à subir toute l'auto-analyse. A force de vivre une vie uniquement intellectuelle il semble qu'une sorte de scission se soit produite en moi: la partie directement matérielle de l'individu, les besoins inhérents à l'espèce, n'a plus que de très vagues rapports avec l'être qui conçoit & éprouve artistiquement. C'est à cause de cela même que la Juditha m'a semblé tantôt un idéal de femme — tandis que si je la voyais en peinture je passerais presque sans y prendre garde. Et en effet elle est toute charnelle: sa tête — pas désagréable sans doute — est absolument insignifiante: c'est ce corps , ce qu'on en devine au moins, qui attire surtout: elle est, par rapport à l'Italie, dans le type italien, ce que les femmes de Rubens sont pour le type flamand. — Or si j'admire le génie de Rubens, en tant que génie, je n'éprouve aucune sympathie esthétique pour ses conceptions. Mais en voilà assez de la Juditha — qui est quand même "ein schönes Fickmädchen" — de mes états d'âme, & autres blagues du même genre.
Tout ceci t'aura fait deviner au moins que c'était en vain que ce soir j'avais ouvert sur ma table la manuscript de la V[ie impossible], que je n'y avais pas ajouté une ligne — & que c'est à cela que tu dois le bonheur (si c'en est un!) de subir ce long bavardage.
— Il paraît que pendant que nous nous endormions dans les délices de Casalecchio, on s'empoignait fuori San Vitale. On dit qu'il y a eu collision entre les socialistes & la troupe, que les soldats ont même tiré .... Je ne sais au juste ce qu'il en est.
— J'ai passé hier une heure à la pinacothèque. Plus que jamais je trouve l'école bolonaise vide, académique, sans intérêt aucun. Je me suis esclaffé devant l'insigne horreur de quelques tableaux italiens modernes. Et je me suis longuement attardé à contempler des eaux fortes de Dürer, de Lucas de Leyde, de divers vieux hollandais, & de Rembrandt dont la résurrection de Lazare entre autres est rudement belle.
— Je continue la lecture du d'Annunzio. Il y a une fort belle pièce où il décrit une promenade qu'il fait avec sa maîtresse. Elle l'aime; lui ne répond plus à son amour; toute cette lassitude de l'amant qui a pitié de sa maîtresse, mais n'a plus la force de singer l'amour est fort bellement rendue, par impressions de paysages surtout. [6] Malheureusement la pièce est trop longue pour que je te la transcrive. — C'est toujours le talent descriptif qui domine. Et il y a aussi trop de sonorité vide, comme chez nos parnassiens. Ces pièces toutes invariablement du même rhytme, en distiques, fatiguent beaucoup à la longue — d'autant plus que les accumulations d'images &, de métaphores viennent encore aggraver cette fatigue & forcent à une attention vaine, appliquée bien plus aux mots qu'aux idées.
Mercredi 3
Les jours se suivent & se ressemblent, cher ami, pour moi du moins qui les passe dans une égale inaction de pensée, dans une toujours même veulerie de corps. Il y a un des chapitres de la Vie impossible encore à faire que j'ai résumé ainsi dans mon plan: "décrire les occupations d'un type qui ne fait rien." Je réaliserai à peu près ce chapitre en te contant ma journée d'hier — pourquoi ne serait-ce pas celle d'aujourd'hui & celle de demain? — Le matin je me lève vers huit heures, je déjeune vers neuf, je sors une heure quand je rentre je n'ai de goût à rien & j'attends que vienne l'heure du déjeuner. J'ai déjeuné à onze houres & demie, hier avec De Raet, ensuite j'ai accompagné le dit Lodewijk au café dei Servi où j'ai mélancoliquement feuilleté quelques journaux entre autres l'Illustration qui reproduit un grand nombre de tableaux du Salon de Paris (plus idiot, plus "annuelle infâmie" que jamais). Ensuite, comme il faisait très beau, nous avons été de concert prendre le tram & nous sommes filés pour Casalecchio. Nous nous sommes étendus là, comme d'authentiques lazzaroni, nous avons rêvassé aux sons enchanteurs d'un piano-orgue, lequel jouait & rejouait obstinément "la Marcia reale", nous avons contemplé les formes de la Juditha & après deux heures de ces divers exercices, nous sommes rentrés & Bologne — toujours en tram — pour dîner.
Malgré mes serments de l'autre jour, j'ai été quand même au théâtre hier soir pour voir la fameuse danse serpentine; comme tu l'as vue à Bruxelles je pense & que tu m'en as parlé dans une de tes lettres il y a bien quelques mois, je ne t'en dirai rien de particulier. — Le reste du spectacle était de la dernière bêtise. Mais heureusement j'étais installé royalement dans une première loge, je dominais le bas peuple & j'ai pu passer mon temps à lorgner attentivement la Lanzoni, la plus belle femme de Bologne, la fleur de l'aristocratie, etc. etc.
[7]
— Il fait aujourd'hui une chaleur boeuf, de nouveau. Les fleurs d'abrutissement continuent à s'épanouir.
En fait de lectures nouvelles, j'ai lu ce matin dans la Vita Moderna un article de Lombroso sur.... l'Almanach de l'Université de Gand!!![3] Le dit pifferaro a traduit des fragments de plusieurs réponses à la question: le monde est-il sur un volcan? Cela précédé d'une petite introduction où il trouve que l'université de Gand est une université d'un nouveau genre "dove gli studenti studiano davvero" au lieu de s'amuser avec des femmes & de faire des tableaux vivants!!! Mince! Voilà comment on écrit l'histoire. Ce Lombroso me semble plus que jamais un farceur.
La journée du 1ier Mai s'est achevée tranquillement partout en Italie: à Bologne il n'y a eu qu'un type ivre d'arrêté! Les bôôôrgeois en ont été quittes pour la peur.
— J'ai commencé la lecture d'Hermann und Dorothea. Mais — est-ce parce que je suis maldisposé? — cela m'embête légèrement, je dois l'avouer.
— Ci[-]après un sonnet dans lequel j'ai tâché de me purger de mes idées noires. — Tu le prendras donc pour ce qu'il vaut: un excrément cérébral.
Je souffrais du printemps, du ciel clair, du soleil!
Mes pauvres yeux, lassés des larmes retenues,
A demi-clos voyaient encore tourner des nues
De feu, tomber des fleurs à travers leur sommeil.

L'air brûlant étouffait, morne. Des avenues
Désertes s'allongeaient vers les champs dessèchés.
Des femmes — leurs regards rêvalent d'obscurs péchés —
Quand elles ont passé, elles m'ont semblé nues.

Des bouquets exhalaient un parfum douloureux;
La lumière flambait, je traînais, malheureux,
Le fardeau superflu de mon corps. Corps débile,

Ame pâle, si vous pouviez dormir, la nuit,
Dans le silence, seuls! Mais partout me poursuit
L'implacable splendeur de l'azur immobile.


Vendredi 5.
J'espère sous peu une lettre de toi cher vieux. Pourvu qu'il ne [8] s'en égare plus de tes lettres! Où sera-t-elle bien allée se promener celle d'il y a quinze jours?
Et le second numéro de V[an] Nu & Str[aks]? Je l'attends avec impatience.
Ma crise de paresse touche à sa fin, dirait-on. J'en suis aux accidents tertiaires comme dirait Huysmans. J'ai relu en grande partie aujòurd'hui En Ménage & Là-Bas, ce qui m'a fait grand bien, quoique tu puisses en penser! Un rude bonhomme quand même, mon Huysmans, & dont je me dégoûterai difficilement. Je me suis replongé ce soir dans mes vieux papiers, notes, projets d'oeuvre, etc, ce qui est toujours fécond en rêveries diverses. J'ai rêvassé tout doucement, en relisant des poésies écrites il y a tant de mois déjà lesquelles me semblent aujourd'hui naïves & lointaines comme si c'était un autre qui les avait écrites.
Il a plu obstinément toute la soirée: le thermomètre était brusquement redescendu à 14 degrés: on grelotte après avoir rôti!
— J'ai continué la lecture de Herman & Dorothée: je fais amende honorable & reconnais que c'est, dans son genre, très beau. Mais je crois que c'est le genre qui ne m'enthousiasme pas. J'ai terminé les Elegie romane de d'Annunzio & n'ai rien de bien particulier à ajouter à ce que je t'en ai déjà dit.[4] Tu pourras les lire à mon retour, du reste.
Samedi 6.
Je viens de recevoir ta lettre, vieux cher zig, & continue l'interminable mienne.
Aujourd'hui fête réligieuse à Bologne, descente de la Madonna di San Luca, & autres cérémonies. Toute la via Saragozza était pleine d'oriflammes & de drapeaux, les colonnes des portiques étaient tendues de grandes loques rouges aux galons dorés. Je suis monté à San Luca l'après-midi: tout le long de l'interminable galerie qui escalade la montagne il y avait des mendiants, toujours des mendiants, des deux sexes, le sexe féminin dominait du reste. Il y avait d'ineffables types de vieux gueux & de pauvresses, des peaux rouges, tannées par le soleil, des yeux aux paupières retournées, sanguinolentes; & les voix pitoyables, les factices accents de désespoir, les "póvero disgraziato", etc. Une cour de miracles, quoi! J'ai vu un vieux couple de paysans gravissant ce calvaire, le mari [9] extraordinaire surtout volumineux, graisseux, suant: alternativement ils marmottaient des prières, ils récitaient de cette voix de catéchisme que tu sais les versets de je ne sais quelle litanie. En haut je me suis reposé dans l'église, une église toute renaissance avec une coupole dont les fenêtres semblent empruntées à un salon, des colonnes aux élégantes volutes toutes tendues de rouge à présent, des marbres à profusion, des autels surmontés d'anges qui sont d'aimables petites femmes exhibant leurs seins nus.
Voilà les seules nouvelles du jour. Je vais ce soir lire du Pol de Mont & du Fourier — & probablement Akédysséril. — Le Huysmans d'hier m'a procuré un rêve bizarre où j'ai vu au milieu d'une improbable architecture apparaître les vierges folles vêtues de longues robes roses à grands plis tombants comme des tuyaux d'orgue: elles tiraient de leur robe d'un mouvement inconscient & naïf leurs seins qui semblaient de bois[.]
— C'est bien ennuyeux ce qui t'arrive avec Van Nu & Straks. Par quel hasard se fait-il que tout se perde ainsi en route? — Je ne reçois toujours pas de lettre de Mane! Est-ce qu'il se fossilifie décidément?
— L'heure de mon retour approche, cher Gust. Je compte à présent par semaines & non plus par mois. Mon examen ne me gêne guère. Je crois que je n'aurai pas plus de soixante pages pour toute matière. Mais j'expierai l'an prochain le bon temps que je me donne cette année.
Là-dessus, je te serre cordialement les deux pattes.
Vale, frater.
Tuo
Giacomo

Annotations

[1] Zie ook brief 111 (voorlaatste alinea).
[2] Agostino Marta.
[3] Niet teruggevonden. Zie brief 111, noot 3.
[4] Zie brief 111 (8ste alinea).

Register

Naam - persoon

Annunzio, Gabriele D' (° Francavilla a Mare, 1863 - ✝ Gardone, 1938)

Politicus en schrijver.

Bom, Emmanuel Karel De (° Antwerpen, 1868-11-09 - ✝ Kalmthout, 1953-04-14)

Bibliothecaris, journalist en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Nora Aulit op 24/08/1901 in Antwerpen.

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Koettlitz, Hermann (° Brussel, 1871-11-09 - ✝ Ukkel, 1950-03-27)

Geneesheer-chirurg.

Broer van Clara en Eugène Köttlitz. Studiegenoot van Frits Sano, Jacques Mesnil en A.Vermeylen aan de ULB. Verbleef ook met J.Dwelshauvers en A.Walravens vijf jaar (1892 tot 1896) in Bologna als beursstudent van de Jean Jacobsstichting. Promoveerde in 1908 te Brussel tot 'docteur spécial en sciences medico-chirurgicales'.

Lombroso, Cesare (° Verona, - ✝ Turijn, 1909)

Psychiater en criminoloog.

Marta, Agostino

? - ?

Voorlopig niets teruggevonden.

Mont, Maria Polydoor Karel De (gen. Pol) (° Wambeek, 1857-04-15 - ✝ Berlijn, 1931-06-29)

Schrijver, kunsthistoricus en journalist.

Raet, Lodewijk De (° Brussel, 1870-02-17 - ✝ Vorst (Brussel), 1914-11-24)

Economist.

Studiegenoot van A.Vermeylen en J.Dwelshauvers op het Brussels Atheneum en aan de ULB, medestudent van J.Dwelshauvers, A.Walravens en H.Köttlitz in het Collegio dei Fiammenghi in Bologna (J.Jacobsstichting) in 1892-1893.

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.

Walravens, Alfred (° Tubize, 1872-11-15 - °)

Geneesheer.

Leerling aan het Brusselse atheneum met o.a. Vermeylen, De Raet, Dwelshauvers en Legros. Studiegenoot van J.Dwelshauvers, H.Koetlitz en A.Vermeylen aan de ULB. Verbleef van 1892 tot 1896 in Bologna met een Jacobsbeurs.

Zarri, Luigi

? - ?

Voorlopig niet teruggevonden.

Titel - boek

Almanach De L'universite De Gand (° 1885 - ✝ 1906)

Uitgegeven onder de auspiciën van de Société Générale des Etudiants de Gand, bij A. Hoste. Tot 1914 voortgezet als Almanach des étudiants libéraux de l'Université de Gand. Bevatte in 1890 een zeer uitgebreid register van de tot dan toe verschenen studententijdschriften. Medewerkers aan het literaire gedeelte waren o.m. L. Franck, Edm. Picard, C. Lemonnier, G. Garnir, F. Severin en H. Krains.

Titel - krant/tijdschrift

Vita Moderna

? - ?

Voorlopig niet teruggevonden.