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Mon cher Mane,
Tes deux envois: ton livre & ta lettre m'ont également fait plaisir. Et ce plaisir m'a été d'autant plus rare que depuis si longtemps je n'avais plus vu une ligne de ton écriture & que les nouvelles que Gust me donnait de ta santé m'inquiétaient quelque peu.
Tu me demandes mon "sincère avis" sur ton travail. Tu ne t'attends pas, j'espère, à recevoir de moi une opinion raisonnée, motivée sur ton ouvrage. Je serais parfaitement incapable d'en faire la critique ayant insuffisamment étudié l'oeuvre de Ibsen & ne l'ayant même plus toujours assez bien dans la tête pour en concevoir une claire synthèse. Et cette synthèse toi, tu sembles fort bien la posséder. Aussi ce n'est que de la forme générale que je puis parler: et elle me plaît beaucoup. Le dirais-je encore que tu as très bien surmonté cette difficulté de raconter Brand en y faisant sentir tout ce qu'il y a de plus saillant? Quant aux conclusions générales, il faut toujours y placer un point d'interrogation, les hommes comme Ibsen — & presque tous les hommes du reste — contenant toujours pour nous une telle somme d'inconnu que nous risquons fort de nous tromper quand nous les rebâtissons conceptuellement. C'est une question dont nous pourrons recauser à loisir quand je te reverrai.
Puisque tu t'occupes de critique littéraire as-tu lu les études de Critique Scientifique d'Emile Hennequin? Gust t'en aura probablement parlé. Le livre sur "Les Ecrivains francisés" surtout est remarquable. Et bien que les opinions prématurées de l'auteur m'aient parfois presque fâché, c'est bien le plus nouveau & le plus profond livre de critique que je connaisse.
Ce dont j'ai été content certes, c'est tes "Blonde Gedachten" du premier numéro de Van Nu en Straks. Tu possèdes à présent un fin instrument d'analyse, & tu peux jouer au "psychologue" même à meilleur titre que ceux qui se sont intitulés ainsi. Il y a là des traits de caractère très "trouvés", esquissés véridiquement & sans [2] le fatras de mots techniques dont on nous assomme en pareille circonstance. Aussi de temps à autre une pointe d'ironie triste qui n'est pas pour me déplaire.
Le 1er Numéro de Van Nu en Straks m'a dans son ensemble beaucoup plu. Certes les lignes rythmiques de Van de Velde ne sont pas faites pour m'enthousiasmer: mais je les admets volontiers en supposant qu'elles n'ont d'autre but que de remplacer les anciens fleurons, en-têtes, lettrines, etc démodés & ne convenant plus guère à nos livres modernes. Les vers de Van Langendonck sont réellement très beaux. Quant à Gust je lui ai écrit ce que je pensais de ses oeuvres: Heimwee & van Geluk. Je le crois parfaitement maître de la forme & capable de faire vibrer puissamment l'âme de qui lira, de susciter de fortes émotions esthétiques. Mais c'est sous le rapport du fond, du sujet même que j'attends de lui autre chose. Nous nous confinons dans l'auto-analyse, dans les subtilités d'une psychologie morbide, — & facticement morbide —. Tu as raison en somme, le chaos des oeuvres modernes déconcerte. Je crois que tu arriveras à la conclusion à laquelle j'aboutis tout doucement: les modernes! des diseurs de rien qui sont parvenus à dire ces riens d'une façon si compliquée qu'on a fini par les prendre pour quelque chose de profond.
— Il est bien tard déjà pour te parler de mon dernier voyage, à Venise, il y a plus d'un mois. Mais n'importe! J'ai donc vu la ville romantique par excellence, dont on rêve quand on a 16 ans, sur les contes d'Espagne & d'Italie de ce bon de Musset. Inutile de te dire, hein? que la couleur romantique est ici comme partout ailleurs fausse, radicalement fausse & que Venise "la rouge" est d'un gris brûlé, recuit. Et puis, plus moyen d'avoir d'illusion: on ne rencontre que des anglais, des allemands, des gens de toutes les nations, dans nos affreux costumes modernes. On voit dans les noires gondoles qui glissent sur les canaux, d'affreux bourgeois ventripotents, trognonnants, ignobles! Partout l'on est poursuivi par des ciceroni, assailli par des gondoliers, harcelé par les marchands de verres de Venise, de mosaïque, que sais-je! C'est assommant! Pas moyen de s'oublier un instant, pas moyen de revivre en imagination le passé. On en deviendrait enragé positivement & j'avais la tentation d'allonger des coups[-]de[-]poing aux individus qui venaient me parler dans un baragouin composite où toutes les langues d'Europe se mêlaient. Ah! la Venise que l'on rêve ne subit pas l'infâme laideur de la vie contemporaine. Pourquoi ne laisse-t-on pas ses palais [3] morts, les vestiges de sa splendeur abandonnés? Pourquoi remplir ses rues du sot bavardage de nos "villégiatures"? Nous ne sommes pas de taille à entrer dans leurs palais.
Quant à l'art vénitien il me semble bien inférieur à l'art de Florence. Nous ne nous intéressons pas longtemps à cette peinture uniquement sensuelle, à cette éternelle répétition des cortèges opulents, des soies chatoyantes, des pierreries qui brillent, des femmes qui étalent leur poitrine. C'est monotone, ça sent le parvenu qui étale ses richesses. Puis l'on s'étonne de l'indifférence du peintre à l'égard de la signification du sujet. Le sujet ne devient plus qu'un vain titre, & les Saintes Vierges & les Vénus ce sont toujours les mêmes belles Vénitiennes: la seule différence c'est qu'elles sont plus ou moins déshabillées.
Telle l'impression générale assez triste, anharmonique au moins, que j'ai éprouvée à Venise. Ce qui reste toujours beau — & dont l'immensité même fait la solitude — c'est le ciel & la mer, l'énorme lagune calme comme un lac, grande comme une mer, tout ce bleu dans lequel on baigne.
Mais nous parlerons en détail de tout ceci, quand nous nous reverrons — j'espère que ce sera bientôt. J'en ai encore ici pour six semaines & vers la fin de juin j'espère être à Bruxelles.
— Je suis pour le moment dans un état d'immobilisme, de non-activité qui m'inquiète: depuis quinze jours je ne sais réellement pas ce que j'ai fait. La traditionnelle paresse des lazzaroni me gagnerait-elle? Tu devines que la "Vie impossible" n'avance pas du tout dans ces conditions-là; j'enrage & je m'engueule moi-même, mais en vain. Gust se chargera du reste aussi de m'engueuler; j'attends une lettre de lui & je suis sûr que je vais recevoir la semonce que je mérite du reste. Cela me secouera-t-il? Sur ce cher Mane je te quitte en te remerciant encore de l'envoi de ton livre sur Ibsen, & j'espère que tu ne me laisseras plus si longtemps à court de nouvelles. Je te serre cordialement les deux chères pattes.
Bien à toi
Giacomo

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Naam - persoon

Bom, Emmanuel Karel De (° Antwerpen, 1868-11-09 - ✝ Kalmthout, 1953-04-14)

Bibliothecaris, journalist en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Nora Aulit op 24/08/1901 in Antwerpen.

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Henmequin, Auguste-emile (° Palermo (Sicilië), 1859 - ✝ Samois (Seine-et-Marne), 1888)

Essayist en criticus.

Jeugdvriend van J.K.Huysmans, wiens romandocumentatie hij hielp naspeuren. Vaak in één adem genoemd met Bourget en Taine. Behoorde tot de vroegste medewerkers van La revue indépendante, waarin hij een der eerste artikels over A rebours publiceerde (nr.3, juli 1884, 119-216). Hij besprak ook o.m. L'oeuvre van Zola in La revue contemporaine van april/mei 1886, 565-568. Zijn bijdragen aan La revue contemporaine van april/mei en juni/juli 1886 ('La critique scientifique des oeuvres d'art') werdenherwerkt tot een uitgebreide versie, onder de verzameltitel Etudes de critique scientifique. Het eerste deel Ecrivains Francisés. Dickens-Heine - Tourguénief - Poé - Dostoïeweki - Tolstoï verscheen enkele dagen vóór zijn dood. Het tweede deel Quelques écrivains français. Flaubert -Zola - Hugo - Goncourt - Huysmans, etc. werd in 1890 posthuum uitgegeven. Hij woonde in Parijs en kwam om bij een bezoek aan O. Redon, tijdons een zwempartij.

Langendonck, Prosper Antoine Joseph Van (° Brussel, 1862-03-15 - ✝ Brussel, 1920-11-07)

Schrijver en ambtenaar. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Op 23/12/1899 gehuwd met Adèle Wouters.

Velde, Henry Clemens Van De (° Antwerpen, 1863-04-02 - ✝ Zürich, 1957-10-25)

Architect, schilder, sierkunstenaar en essayist. Medeoprichter van Van Nu en Straks. In 1894 gehuwd met Maria Sèthe.

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.