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Cher Gust
— Je suis près d'un sentiment presque mélancolique en reprenant pour t'écrire l'une de ces feuilles de grand format que je t'ai consacrées depuis l'année dernière: mon pauvre cher ami, il me semble qu'en dépit de toute ma bonne volonté je ne pourrai plus t'écrire aussi longuement que l'an passé, je ne pourrai plus te faire comme alors le confident de mes pensées de tous les jours même des plus saugrenues. J'aura moins de temps pour t'écrire, et puis... tu étais jadis le seul confident de ce qu'il y avait de plus intime dans ma vie: vous êtes deux maintenant... Il y a là un partage qui me gêne, et que je me reproche en dépit de la certitude que j'ai que mon amitié pour toi n'a certes pas diminué. Mais vois-tu décidément les femmes, même les meilleures, nous absorbent une trop grande partie de nous-mêmes: la pensée de celle qu'on aime a quelque chose de si impérieux, de si dominant. Il me semble que je m'appartiens moins à moi-même que naguère, que l'on m'a pris de force un morceau de mon moi, que ma volonté a été une fois de plus offensée, elle qui voudrait tant être maîtresse. — Tiens! hier au soir vers dix heures, je me suis mis à écrire à Elle: [1]: mais à mesure que j'écrivais les souvenirs me revenaient en foule: j'ai lâché ma plume et j'ai revécu en imagination les jours passés: je tâchais de me rappeler ses phrases, de revoir nettement son image, d'entendre sa voix, et à mesure que je l'évoquais je sentais monter, gonfler en moi un désir immense de la revoir, de la sentir auprès de moi, de lui parler, de tâcher de deviner si réellement elle pourra jamais éprouver de l'amour pour moi... et alors j'ai fouillé ses lettres, je les ai relues, j'ai analysé les phrases pour en découvrir le sens intime, l'intention cachée, joyeux comme un enfant quand je croyais avoir trouvé quelque trace de tendresse, puis me désillusionnant l'instant d'après ..... Minuit sonnait quand je suis sorti de ce rêve.
J'ai reçu d'elle une longue lettre ce matin: je ne l'aime pas cette [2] lettre: elle est froide, elle est indifférente: Elle ne me parle guère que de Varsovie (je le lui avais demandé), de l'aspect de la ville, etc. J'ai lu cela presque distraitement, sans comprendre. Que m'importe en somme? J'en suis venu à ne plus prendre d'intérêt dans ses lettres qu'à ce qui la concerne immédiatement Elle et surtout notre amitié... notre amour (comment appeler cela?). Et la fin de sa lettre semblait trahir la lassitude de qui est lassé d'écrire et que cela ennuie en somme.
Tu vas dire que je me tourmente sans raison & à propos d'hypothèses, seulement possibles, et tu auras raison: je le reconnais moi-même. Que veux-tu? Les gens amoureux sont bêtes! — Et puis je me suis trouvé ces derniers jours dans de tristes dispositions, et non par mon unique faute, ni à cause seulement de la peine que cause le départ et du passage soudain d'un monde intellectuel aimé à un monde sans intérêt et qui représente pour moi l'esclavage. Le ciel même s'est mis de la partie. Depuis que je suis arrivé je n'ai pas encore aperçu un seul rayon de soleil: il n'a fait que pleuvoir, pleuvoir, pleuvoir toujours. A quatre heures la nuit vient déjà: et tu imagines quelle impression lugubre fait ici la pluie, dans un pays où toutes les couleurs demandent le soleil: ces marbres, ces mosaïques, ces façades peintes en rouge ou en jaune, ces fresques partout ont quand il pleut quelque chose de vale, de misérable, de lamentable qui fait réellement souffrir comme toute disharmonie trop violente. Aussi n'est-ce pas le spleen qu'on a ici: le spleen implique une harmonie entre le ciel gris, le brouillard, les maisons ternes, les trottoirs grisaillants — et la maussaderie de l'âme. Ici l'on éprouve un sentiment plus douloureux, plus abrutissant.
— Je ne fais pas encore grand'chose: je cherche à retrouver l'équilibre de mes occupations. J'ai écrit aujourd'hui quelques phrases de la vie impossible. — Je médite mon prochain article pour la société nouvelle:[2] il traitera surtout de la littérature italienne: je suis en train de lire de Gabriele d'Annunzio: Il Piacere le plus réputé de ses romans: je le trouve pourtant inférieur à l'Innocente, son dernier. Cela a certains rapports avec Mensonges de Bourget: cela se passe dans la haute société de Rome: c'est en résumé la vie d'un jeune noble plus ou moins artiste & de ses aventures d'amour: un de ces êtres détestables à classer parmi les dilettanti: non le dilettantisme méprisant & solitaire de des Esseintes qui est lui un vrai & exclusif [3] artiste, mais ce dilettantisme mondain de l'homme qui consacre à l'Art ses moments perdus, qui n'appartient à l'Art que quand il a eu des désillusions amoureuses, qui abandonne à l'Art le trop plein de lui-même. Race incapable d'action et à qui sa richesse permet de développer à l'aise ses toutes petites passions. — Tu vois d'ici ce que j'écrirai à ce propos, en notant ce qu'il y a de toujours spécial à l'Italie: l'intensité de la sensualité, mais une sensualité très simple en somme, très matérielle; l'incapacité de concevoir d'intruses voluptés d'âmes, d'entrer en ce domaine satanique où ont pénétré des Rops et des Barbey d'Aurevilly.
Agostino[3] a reçu de Pica une très aimable lettre que j'ai en ma possession: son étude sur Verlaine a paru dans la Gazzetta letteraria en 1889. Je vais écrire à la Direction pour tâcher d'obtenir les numéros. Le dit Pica fait une réclame pour ses oeuvres dans sa lettre, conseille d'acheter sa conférence sur l'Art aristocratique "publiée dans une p[e]t[it]e édition très originale & très élégante"[4] (sic) et annonce qu'il a l'intention de publier assez prochainement son livre sur les artistes byzantins,[5] où se trouveront remaniées les études déjà parues... La lettre est curieuse & l'écriture idem: je conserve ce document-là.
Samedi 11.
Avant que je ne l'oublie, pourrais-tu m'envoyer l'adresse de Maeterlinck si tu la connais? C'est Sofia qui me la demande. Il me semble qu'il demeure à Ledeberg, hein?
— J'ai assisté aujourd'hui pour la première fois au cours de microscopie (autopsie). Mon impression dominante n'a pas été le dégoût mais bien plutôt l'ennui: d'abord il n'y a pas de sièges et il faut rester debout tout le temps, ce qui n'est guère supportable que pour les deux étudiants qui sont chargés de faire l'examen microscopique et pour le professeur qui les dirige. Ensuite l'intérêt est assez mince: bien des organes qu'on découvre sont illésés, et l'on n'a guère d'autre joie que de contempler trois êtres humains tripotant dans toutes sortes de sales viscères gorgés d'humeurs diverses et qui répandent une odeur d'excréments & de putréfaction, ce qui est au fond peu ragoûtant! Il n'y a pas même moyen de s'extasier sincèrement vers les fenêtres de ces pourritures qui sont loin d'être somptueuses. — La comparaison des orchidées avec les membranes et les épithéliums humains n'est qu'en partie vraie: elles ressemblent aux chairs ouvertes, aux organes [4] mis à nus, comme les planches d'anatomie ressemblent à ce que sont les organes en réalité. — Mais l'impression qui a dominé en moi est plutôt d'horreur morale, est plutôt une répulsion psychique. Cette indifférente autopsie dénote les défauts de chaque organe, les lésions fonctionnelles, les profondes atteintes du mal enraciné en ce corps, du mal qui y a marqué en dix endroits son empreinte. Et je songe inévitablement à la malheureuse existence de cet être qui devait sentir en lui des troubles inexpliqués, des secousses, des ébranlements, des crises, sans pouvoir se rendre compte de Ce qui se remuait en lui, de ce qui le tourmentait. Tout ce processus obscur, toute cette marche latente de la maladie en l'homme a quelque chose d'effrayant, d'angoissant. Et dire qu'il n'est peut-être aucun de nous qui soit entièrement exempt de quelque tare, de quelque fissure à son organisme par où la vie s'échappe. ... A la longue à force de contempler ce qui fut un être vivant et ce qui devient d'instant en instant davantage une charogne, les nerfs trop tendus souffrent, il se produit une lassitude, un épuisement nerveux. J'ai respiré avec plaisir l'air libre en sortant de là. Je n'y retournerai pas très souvent. Décidément la médecine n'est pas ma vocation! Je prévois qu'il y a bien des choses qui me demanderont de fameux efforts de la volonté, car cette répulsion animique, cette sensibilité à certaines choses je ne la pourrai jamais vaincre: elle fait partie trop inhérente de moi-même. Est-ce stupide aussi de vivre en un temps où l'on est obligé de faire ce pourquoi l'on n'a aucune disposition, en un temps où les études purement intellectuelles sont les seules qui ne vous permettent pas de gagner votre vie!
Dimanche 12.
Je n'ai pas encore reçu de lettre de toi, cher vieux. J'espère que tout va bien à Bruxelles & que je vais recevoir sous peu des nouvelles de tout ce que tu as fait depuis dix jours que je t'ai quitté.
Ici Lodewijk est dans de mauvais draps:[6] tu auras sans doute appris à la maison que mon père m'a écrit pour que nous nous rendions chez les administrateurs et les mettions au courant de ce qui s'est passé, ce qui a été fait. Et l'affaire a marché rapidement: il y a eu aujourd'hui réunion des dits administrateurs (ils ne sont plus que deux pour le moment)[7] et Lod[ewijk] a été interrogé, [5] retourné en long et en large. Il aurait paraît-il à peu près avoué qu'il n'avait pas passé d'examen. En tous cas les administrateurs vont écrire officiellement à Bruxelles. Et quoiqu'il arrive l'expulsion du dit Lod[ewijk] est quasi certaine. — C'était du reste chose inévitable, un peu plus tôt ou un peu plus tard, qu'importait? Je ne comprends même pas comment il n'a pas eu le tact de ne pas rentrer à Bologne... C'était pour lui 200 frs[.] d'économisé. Il faut avouer en somme qu'en fait de mensonge il n'est pas très habile: je penche à croire décidément qu'il ne peut s'empêcher de mentir, que c'est chez lui une véritable maladie. — Les êtres qui vivent perpétuellement dans une telle atmosphère de mensonge doivent finir par avoir une bien curieuse vision du monde, par ne plus pouvoir voir les choses sous leur véritable aspect. Il doit se produire chez eux à la longue nécessairement une déformation de la vision intime.
— J'ai écrit tantôt à la direction de la Gazzetta letteraria pour obtenir les numéros où est insérée l'étude de Pica sur Verlaine.
— En fait de lectures j'ai fait celle de la traduction du Cenci de Shelley & j'ai entrepris avec courage celle de la Guerre et la Paix de Tolstoï. Et après tout il est inutile de s'armer de courage pour cela: c'est très beau: c'est d'une réalité peut-être plus saisissante & plus immédiate encore que certaines études de Balzac.
Lundi 13.
Louis est venu me trouver ce matin pendant que je déjeunais: il m'a dit qu'il s'était aperçu que depuis qu'il était arrivé nous le tenions comme en quarantaine, et qu'il présumait la raison de notre conduite. Je lui ai déclaré qu[']en effet comme il le pensait nous lui avions tenu rigueur parce qu'il nous avait toujours déclaré qu'il avait passé ses examens[6] quand il n'y en avait pas un mot de vrai, que cela impliquait au moins un manque de confiance à notre égard & que dans ces conditions il ne pouvait guère compter sur notre amitié. Il a reconnu qu'il avait eu tort, qu'il avait été retenu par une fausse honte. Je lui ai généreusement accordé mon absolution en lui garantissant que nous ferions tous comme s'il ne s'était rien passé entre nous, pour ne pas lui gâter les quelques jours qu'il a encore à passer au collège. Car il est lui-même décidé à partir dans un très bref délai. — Je l'ai encore un peu interrogé [6] pour tâcher de me rendre au juste compte de son état: il m'a déclaré qu'il n'était revenu ici que par une influence extérieure (poussé par sa mère, paraît-il) car il se rendait bien compte que sa situation était à peu près inextricable. Il m'a dit n'avoir aucun goût pour les études d'ingénieur, en avoir beaucoup en revanche pour celles de droit & d'économie politique. Alors pourquoi dès l'année passée n'a-t-il pas fait un effort pour passer en droit? Pourquoi est-il resté trois ans à Bruxelles à l'université sans rien faire? — A tout ce que je disais, il m'a répondu que c'était vrai, mais qu'il n'avait pas très bien réfléchi, qu'il croyait ceci... qu'il croyait cela..., etc. — Je lui ai conseillé, de retour à Bruxelles, de tâcher de saisir la première place qu'il pourra avoir: cela ne l'empêche en rien d'étudier & de tâcher d'arriver à autre chose. Mais je crois que ce sera un éternel raté. Il parlait déjà de passer sa philosophie, puis d'aller étudier le droit à Berlin... le malheureux! J'en ai eu pitié, car décidément le mensonge est chez lui une conformation organique, un vice ancré dans le cerveau. Et puis ce m'est toujours un spectacle pénible de voir un homme s'abaisser devant moi, avouer sa bassesse... Je ne l'ai pas jugé car de plus en plus ce me semble une prétention ridicule à un homme de s'arroger le droit de porter un jugement absolu sur un autre. J'ai été indulgent à son égard, je me suis gardé de lui faire son procès. Il est tombé, du reste! — Il a fini par demander de l'argent à prêter: que si nous lui en donnions il pourrait partir dès demain, sans quoi il devrait en attendre de Belgique. A quoi j'ai répondu que nous ne demandions point du tout qu'il parte demain et qu'il n'y avait pas du tout d'inconvénient à ce qu'il demeurât ici quelques jours encore (j'ai sous-entendu qu'il y en aurait peut-être un grand à lui prêter des sous!)
Résultat final: Lodewijk s'en va, il va y avoir une place libre au collège. Je vais faire tout ce qui sera en mon pouvoir pour qu'on ne remplace pas le dit Lod[ewijk] cette année, et qu'on le remplace par toi l'année prochaine, si telle est toujours ton intention.[8]
— Je suis ce soir dans un état d'agacement assez notable. J'ai été obligé de jouer aux cartes de 7 heures à 9 heures; il commence seulement à faire tranquille dans la maison. J'avais espéré pouvoir travailler à la Vie impossible et encore une fois je suis trop las [7] et il est fort tard pour cela. — Dire qu'il y aurait moyen de faire tant de choses ici (car le temps ne manque pas) & qu'on ne peut faire que si peu grâce à cette existence en commun. Quelle croix! — Les leçons d'anatomie ont recommencé aujourd'hui; jeudi et vendredi soirs je devrai aller à l'amphithéâtre, et me voilà dans le train de la vie universitaire!
— Pas encore de lettre de toi! Que deviens-tu?
Mercredi 15.
Je viens de recevoir ta lettre, cher, et comme toute la correspondance à l'étrange habitude de se concentrer je ne sais comment et de me tomber toute à la fois, j'ai reçu aussi une lettre de Sofia et de chez moi un numéro de l'Art moderne! — Heureusement j'ai ma matinée libre et puis savourer ce régal à mon aise.
Laisse-moi d'abord te dire que ton sonnet m'a fait grand plaisir.[9] C'est bon, dans la mesure où j'en puis juger dans une langue étrangère. Je ne te ferai qu'un éloge: c'est que ton sonnet a cette qualité qui me semble la plus essentielle à un sonnet: cette ascension ininterrompue de la pensée, cet essai toujours plus ample de la pensée qui s'élargit du 1er au dernier vers. — Allons! j'espère bientôt connaître toute la série. Sera-ce pour le prochain Van Nu en Straks?
— Pourquoi ne te donnerais-je pas de "nouvelles de Varsovie"? Je le fais très volontiers! Ah! certes, cet amour[-]là ne me donne pas de déceptions! Plus j'apprends à connaître Sofia, plus je l'admire, et plus je la trouve loin au-dessus de moi, plus j'ai conscience de ce qu'il me faut acquérir encore pour qu'il y ait entre nous la possibilité d'un grand amour semblable & réciproque. Je suis sans défense contre les menus ennuis de la vie, je suis d'une sensiblerie outrée, et il faut un rien pour me jeter dans l'inaction. J'ai des caprices d'enfant, je Lui écris sous l'impulsion du moment des choses absurdes; je lui reprochais l'autre jour la brièveté de ses lettres, je lui disais que je craignais d'occuper une place moindre dans son existence.... Elle m'a répondu longuement avec cette douceur caressante que seules les femmes peuvent avoir (rappelle-toi certains vers de "Sagesse" admirables à cet égard), elle m'a expliqué en long et en large toutes les occupations qui l'empêchent de disposer à son gré de son temps. Elle dit tout cela simplement, révélant par endroits toute l'intimité d'une existence, et certaines douleurs que [8] l'on peut suggérer seulement, mais qu'on [n']énonce pas. Elle m'écrit: "j'ai beaucoup à lutter pour m'habituer à mon milieu... la semaine dernière j'ai pleuré (cela m'arrive pourtant bien rarement maintenant) de devoir habiter un pays comme le nôtre."[10] Et ailleurs elle me dit qu'elle a pour moi "une confiance qui m'est très peu habituelle, vu que jamais rien qui ressemble à une plainte ne s'est jamais échappé même involontairement de ma bouche, devant mes plus proches." Cela ne doit-il pas s'appeler de l'amour, et n'est-ce pas spirituellement parlant supérieur à de positifs serments?
— Je suis parvenu à travailler hier au soir, mon cher ami: mais ce travail est plus lent que jamais. De quart avant neuf heures à minuit et quart; en 3 1/2 heures, je suis parvenu à écrire quinze lignes! Mais je commence à voir clairement la fin de mon chapitre. Je négligerai aujourd'hui complètement l'étude de l'ethnoïde, du sphinoïde et autres os peu sympathiques et je vais tâcher de terminer le dit chapitre. Cela fait je le recopierai et te l'expédierai avec le second chapitre que j'ai recopié il y a quelques jours (embêtante besogne matérielle, mais qui doit bien être faite). Je compte faire peu à peu de même pour tout l'ouvrage et j'espère que dans quelques mois tu l'auras complètement dans ton pupitre.
Je termine, cher. — Je veux que ma lettre parte aujourd'hui. Elle me semble déjà d'une longueur inquiétante — Malheureusement je ne puis pas t'en promettre de pareilles régulièrement cette année. Je te serre les pattes, cher ami. Résigne-toi à l'histoire, comme je tâche de me résigner à la médecine. Ne serons-nous peut-être pas réunis ici l'an prochain?[11]?
Giacomo

Annotations

[1] Sofia Ioteiko.
[2] J. Mesnil, 'En Italie; Gabriële d'Annunzio', in: La Société Nouvelle, X (octobre 1894), p. 409-429 (gedateerd: "juillet 1894").
[3] Agostino Marta. Er werd geen exemplaar van de Gazetta letteraria teruggevonden.
[4] Vittorio Pica, Dell'Arte aristocratica; conferenza (Napoli, Pierro, 1892) 16°, 63 p..
[5] Waarschijnlijk: Vittorio Pica, L'arte dell'estremo oriente (Torino, L. Roux & Co, 1894). Zie de Bibliografia Italiana (Milano, Associazone tipografico-libraria italiana, XXVIII, 1894), p. 166.
[6] Voor de studieavonturen van Lodewijk de Raet, zie brief 205bis (1892), noot 7.
[7] Zie brief 211bis (1892). Misschien ontbreekt Brugnoli (gestorven in 1894) of Cassani, die als priester moeilijkheden had met de kerkelijke overheid en in 1894 overgeplaatst werd.
[19] Niet teruggevonden (zie zie brief 111, noot 3). Zie ook brief 298. In Pica's Dell'Arte aristocratica (zie [4]) worden o.a. Verlaine, Mallarmé en Huysmans behandeld.
[8] Reeds in 1891 had Vermeylen het vage plan opgevat om gedurende drie jaar wijsbegeerte en letteren te gaan studeren in Bologna. Het plotse vertrek van Lodewijk de Raet (zie [6]) zorgde voor een vaccante plaats en maakt eeen beslissing daaromtrent opnieuw accuut. Om enigszins duistere redenen zou Vermeylen echter nooit vertrekken.
Zie ook het postscriptum van brief 210 (1891) en noot 14 van die brief, brief 298, brief 307, de tweede alinea van brief 319, brief 333 en brief 341.
[9] Niet teruggevonden.
[10] Sofia Ioteiko verbleef in Warschau. Zie ook brief 333 en brief 275, noot 1.
[11] Zie [8].

Register

Naam - persoon

Annunzio, Gabriele D' (° Francavilla a Mare, 1863 - ✝ Gardone, 1938)

Politicus en schrijver.

Barbey D'aurevilly, Jules-amedée (° Saint-Sauveur-le Vicomte, 1808 - ✝ Parijs, 1889)

Schrijver en criticus.

Brugnoli, Giovanni (° Bologna, - ✝ Bologna, 1894)

Arts.

Laureaat geneeskunde op 09/06/1837. Werd aan het Groot Hospitaal van Bologna achtereenvolgens assistent (1839), arts (1846), hoofdarts (1861) en direkteur (1889). Was bovendien aan de Bolonese universiteit achtereenvolgens suppleant (1848), docent (1852), gewoon hoogleraar patologische geneeskunde (1860) en rector (in 1889-90). Was president van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen en van het Medisch-Chirurgisch Genootschap, en tenslotte voorzitter van de Raad van Beheer van het Collegio dei Fiamminghi (Jacobsstichting) in 1892.

Cassani, Giacomo (° Renazzo di Cento (Ferrara), 1818 - ✝ Bologna,)

Priester en hoogleraar.

Had als priester in Bologna herhaaldelijk ruzie met de kerkelijke overheid omwille van zijn liberale opvattingen. Auteur van talrijke politiek-religieuze werken. Aan de Bolonese universiteit achtereenvolgens docent in canonniek recht (1860), rechtsgeleerdheid (1875 - 1886), geografie, geschiedenis, statistiek en rechtswetenschap. Was in 1892 ook lid van de Raad van Beheer van het Collegio dei Fiamminghi (Jacobsstichting).

Dwelshauvers, (alfred Auguste) Ernest (° Dinant, 1834-02-10 - ✝ Elsene, 1914-04-24)

Stadssecretaris van Brussel.

Echtgenoot van Maria Hortense Altmeyer, en vader van Jean Jacques en Georges Dwelshauvers.

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Ioteiko, Sofia (° Kiev, 1868 - °)

In 1890 studente natuurwetenschappen aan de ULB.

Dochter van Lucien Ioteiko en Caroline Kurzanska; zuster van de beter bekende Josefa Ioteiko, die doctor in de geneeskunde werd en van 1898 af verbonden was aan het psycho-fysiologisch laboratorium van de ULB. Sofia was afgevaardigde van de afdeling Sociale Wetenschappen en nam als zodanig actief deel aan het universitair conflict bij de opening van het academiejaar 1890-1891.

Marta, Agostino

? - ?

Voorlopig niets teruggevonden.

Pica, Vittorio (° Napels, 1864 - ✝ Milaan, 1930)

Kunstcriticus en -essayist.

Trachtte het Italiaanse publiek vertrouwd te maken met de grote Europese stromingen sinds het impressionisme. Verzette zich als aanhanger van de modernen tegen het quietisme. Was de animator van het artistiek leven in Venetië na 1900, en betrokken bij de oprichting van de Venetiaanse Biënnale. Schreef talrijke polamieken, o.a. in Emporium (1895-). Auteur van o.m. All' avanguardia (Napels, 1890).

Raet, Lodewijk De (° Brussel, 1870-02-17 - ✝ Vorst (Brussel), 1914-11-24)

Economist.

Studiegenoot van A.Vermeylen en J.Dwelshauvers op het Brussels Atheneum en aan de ULB, medestudent van J.Dwelshauvers, A.Walravens en H.Köttlitz in het Collegio dei Fiammenghi in Bologna (J.Jacobsstichting) in 1892-1893.

Rops, Felicien-joseph-victor (° Namen, 1833-07-07 - ✝ Essones (bij Parijs), 1898-08-23)

Beeldend kunstenaar.

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.

Titel - boek

Bourget, Paul (° Amiens, 1852 - ✝ Parijs, 1935)

Schrijver en criticus.

Titel - krant/tijdschrift

Art Moderne, L' (° 1881 - ✝ 1914)

Brussels artistiek weekblad.

Werd, zoals ook La jeune Belgique, bij Wwe Monnom gedrukt. Opgericht door de advocaat Edmond Picard, die toen werd beschouwd als de geestelijke leider van de Brusselse progressieve jongeren. Samen met Octave Maus, de bezieler van de kunstenaarskring Les XX (1884 - 1893), verdedigde hij in l'Art moderne o.m. het impressionisme en het wagnerisme. Het tijdschrift kan in zekere zin beschouwd worden als een voorbode van Van Nu en Straks: vooral Picards uitspraak dat kunst filosofische gedachte, synthese en leven is, wijst in die richting. Medewerkers waren o.a. C.Lemonnier, E.Verhaeren (die ook in de redactie zat), G. Eekhoud, E. De Molder (later schoonzoon van Fél.Rops) en H. van de Velde.

Gazzetta Letteraria, La (° 1876 - ✝ 1902)

Tijdschrift in 1876 door Vittorio Bersezio opgericht (in opvolging van de Gazzetta piemontese uit 1867) en vanaf 1880 door hem geleid. De Gazzetta piemontese werd later weer als afzonderlijk blad opgericht en voortgezet met La Stampa in 1895 (krant die al een eerste keer in 1861 startte).

Societe Nouvelle, La (° 1884 - ✝ 1897 - ✝ ;, 1907 - ✝ 1915)

Internationaal tijdschrift voor sociologie, kunsten, wetenschappen en letteren dat te Brussel en Parijs verscheen.

Van 1897 tot 1907 verscheen het onder de titel l'Humanité nouvelle. Dit progressief tijdschrift dat gesticht en geleid werd door F.Brouez, fungeerde als gangmaker voor de opkomende sociologie in België en besteedde heel wat aandacht aan binnen- en buitenlandse anarchistische en socialistische stromingen. Had vele correspondenten. Voor België werkten o.a. mee G. en J.Dwelshauvers, G.Eekhoud en E.Picard.