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Mon bon Gust
J'accepte toutes tes injures, et je te remercie du fond du coeur d'avoir bien voulu me les expédier; Jacques[1] t'aura dit pourquoi je ne t'ai donné signe de vie si longtemps, et quoiqu'il m'a assuré que tu ne m'en voulais pas, j'hésitais encore à t'écrire, me disant que tu te réservais peut[-]être une leçon méritée en guise de réponse: tu vois mon vieux, comme je te considère comme féroce! enfin, puisque tu as bien voulu m'écrire le premier, hourah! ça me met bien plus à l'aise pour te répondre.
Ainsi donc, mon vieux copain, le bruit de nos exploits devant les pontifes de la science ne va pas encore ébranler les fondements de l'état cette année! Il faut convenir que nous avons tous été peu éblouissants: une buse, une satisfaction et deux misérables petites distinctions, c'est maigre: enfin, adressons[-]nous mutuellement des condoléances, et .. "brou, ma plume, n'en parlons plus." l'année n'en est pas moins finie, et c'est avec un monstrueux soupir de soulagement qu'on pense qu'elle ne reviendra plus, never more.
Que deviens[-]tu? t'es[-]tu retiré de l'océan de lubricité où tu t'es plongé en signe de deuil, ou bien le châtiment annoncé par les Ecritures t'a-t-il frappé[:] "celui qui fera scandale périra au milieu de son peuple."
J'avoue ne pas comprendre nettement d'après les quelques lignes de ta lettre, quel est ce genre de mysticisme qui t'a atteint, et qui s'allie avec "Celeste" (?),[2] des notes de restaurants que je n'hésite pas à qualifier d'interlopes, et de l'analyse cruelle...[3] "Mystère et Gust!"
[2]
Pour moi, je tâche de m'habituer à ne plus être astreint à l'abrutissant travail des derniers temps; je passe une partie de mes journées à dormir, une autre dans l'Ourthe, et le reste à traduire une peu connue petite pièce en prose et vers d'un auteur latin non catalogué trouvé dans un vieux bouquin, laquelle idylle je t'enverrai quand elle sera terminée, si toutefois la suavité d'une telle bucolique peut te plaire.
Je vais encore un peu à Liège, et suis abruti jusq'au septième dessus.
Et toi? en dehors des heures où tu fin de sièclise avec des dièses à la clef, que fais[-]tu de bon? Voyais[-]tu souvent Jacques avant son départ pour (attend que je fouille mes poches) — pour le "Nieuwendijk 18, Neckerspoel, Malines" (nom de Dieu!!) Le pauvre n'a pas eu de chance à son examen, et j'espérais mieux après deux ans d'attente.[4] Mais nous n'avons guère le droit de juger, — on n'aurait qu'à nous rendre la pareille.
Rien de neuf à Barvaux, qui est calme et pur comme jadis, et où je ne mets du reste plus les pieds hors de la maison.
Rien d'intéressant à Liège, où les étudiants continuent à être de répugnants mufles plats et idiots; je n'en ai pas encore trouvé un seul avec qui on puisse causer sérieusement. Quant aux femmes, elles y sont bêtes en général, — et laides (malgré la légende sur les Liégeoises) peut[-]être as[-]tu entendu vaguement parlée d'une histoire où il s'agissait de ton tout répentant compaign et d'une marchande de cigares dont le mari est absent toute la semaine — sache que tout est fini depuis longtemps, et démens tous les bruits calomnieux que le Gouvernement répand sur mon compte pour me discréditer aux yeux des masses, sentant point le "Suffrage universel."
Si par hasard tu ne saisis pas exactement le sens de mes paraboles, je t'en enverrai la clef dans une prochaine lettre; je t'écris seulement aujourd'hui pour te montrer que je remue encore un peu; je t'écrirai sûrplus longuement avant la fin de la semaine. Il est tard, [3] je pars demain matin pour Liège, où je dois aller chercher ce qu'il me faut pour me préparer pour assister la semaine prochaine au mariage d'une cousine (où diable où suis[-]je dans ma phrase) — c'est égal; enfin je tombe de sommeil et je vais me coucher.
Adieu, à un de ces jours, de mes nouvelles; je te les serre pour la première fois depuis bien longtemps, avec une énergie directement proportionelle au carré de la distance.
Ton vieil abruti d'ami
Robert

Annotations

[1] Jacques Dwelshauvers.
[4] Er is niets bekend over eventuele moeilijkheden met de studies van Jacques Dwelshauvers. Hij legde zijn kandidaatsexamens af aan de ULB in het academiejaar 1890-1891 en 1891-1892. (Informatie uit de Archiefdienst van de ULB).

Register

Name - person

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Legros, René Robert (° Barvaux, 1872-11-05 - ✝ Barvaux, 1933-07-29)

Geneesheer.

Liep school op het Athénée Royal van Luik en, van de vierde Latijnse tot de retorica, op het Brusselse Atheneum, waar hij bevriend raakte met o.m. A.Vermeylen, J.Dwelshauvers en L.de Raet. Studeerde nadien geneeskunde aan de UEL (1890-1897). Publiceerde verzen in de Almanach des étudiants. Almanach de l'Université libre de Bruxelles (1891).

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.